Paul Chaudet (1904-1977)

Grandes figures vaudoises


Né en 1904 à Rivaz, Paul Chaudet, fils de vigneron, suit l’Ecole d’agriculture à Lausanne puis travaille dans les vignes paternelles. Très engagé dans la vie associative et professionnelle, caissier de la caisse Raiffeisen, il s’inscrit au Conseil général de sa commune en 1930. Son entrée en politique remonte cependant à 1933, et nullement sous les auspices du parti radical. Cette année-là, le Conseil fédéral promulgue un arrêté qui introduit un impôt sur le vin. Emoi dans les vignes vaudoises! La Ligue vaudoise, qui est fondée alors par des cadres du mouvement Ordre et Tradition, s’allie à des vignerons de Lavaux pour mener une lutte contre cet arrêté. Paul Chaudet y acquiert une stature de leader dans sa région, avec d’autres futurs radicaux et libéraux.

Le combat se solde d’abord par un échec, dans la mesure où le Grand Conseil refuse d’admettre que le canton puisse se dérober à ses obligations. Mais en définitive, le succès couronnera les efforts des résistants, puisque les autorités fédérales se verront obligées de faire machine arrière. Paul Chaudet rejoint alors les rangs du parti radical, tout en demeurant un proche de la Ligue, et parviendra, malgré les objurgations des chefs du parti, son président Henry Vallotton en tête, à conserver sa double appartenance, avec quelques autres camarades. Homme de grande prestance et d’autorité, il n’était pas disposé à se soumettre sans autre aux exigences de la direction de son parti.

La carrière politique de Chaudet est lancée. Il est syndic de sa commune en 1937 et entre la même année au Grand Conseil. En 1943, il franchit le seuil du Conseil national, et reprend, mais brièvement seulement, entre 1945 et 1946, la syndicature de Rivaz. C’est qu’en 1946, dans le sillage d’autres représentants de la jeune garde radicale, Despland, Rubattel, Nerfin, il est appelé au Conseil d’Etat. De 1946 à 1948, il dirige le Département de justice et police et, de 1948 à 1954, celui de l’agriculture, de l’industrie et du commerce. Sa notoriété s’étend: président ad interim du parti radical vaudois, il est membre du conseil de la Banque nationale suisse, puis est nommé dans son comité, juste avant d’être élu au Conseil fédéral, en 1955, en remplacement de Rodolphe Rubattel, démissionnaire.

Durant toute sa carrière fédérale, Chaudet dirige le Département militaire. Il y conduit la réforme et la modernisation de l’armée, qu’il considère comme la gardienne des valeurs nationales. Les chars sont modernisés, de même que l’aviation. Malgré son engagement, ce dernier chantier lui sera fatal. L’acquisition des Mirages français tourne à la déconfiture financière. En 1964, on constate que les crédits ont explosé et que de nouvelles dépenses doivent être consenties. Une commission d’enquête parlementaire est désignée, qui met en cause le travail des hauts fonctionnaires et accuse le chef du Département de graves négligences. Quelques grands commis sont remerciés.

Le parti socialiste se met alors à attaquer lourdement le conseiller fédéral. D’abord, le parti radical suisse semble soutenir le Vaudois, mais le malaise ne cesse de croître. Le parti refuse alors de présenter Chaudet à la vice-présidence du Conseil fédéral, fonction à laquelle le tournus classique l’appelait. Pour Chaudet, c’en est trop et il donne sa démission, avec effet immédiat. Une fois en retraite de la politique fédérale, il ne reste pas inactif. Chargé de mission pour la FAO en Inde et au Pakistan, il fonde, puis préside Les Enfants du Monde, ainsi que d’autres institutions caritatives. Il accède également à divers conseils d’administration, à la Banque populaire suisse, Rinsoz-Ormond ou Helvetia-Vie. Il décède en 1977.

© Olivier Meuwly, Lausanne 2003

Publié le 1 janvier 2023

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