Catherine de Watteville (1645-1714)
Grandes figures vaudoises
Née en décembre 1645 à Bonmont (commune de Chéserex) où son père Gabriel est bailli, la jeune Catherine vivra une enfance joyeuse au Château d’Oron, entre 1647 et 1652, où son père a été muté. Elle y apprend l’art de monter à cheval : ses aptitudes hors du commun lui vaudront le surnom de « l’amazone de Watteville » et lui permettront plus tard de maîtriser les étalons les plus fougueux.
Issue de l’une des plus illustres familles bernoises, Catherine aura un destin aussi extraordinaire qu’anticonformiste. Orpheline dès l’âge de 13 ans, désargentée, elle impressionne toutefois par son caractère flamboyant.
Hébergée par des parents à Morat, les Diesbach, elle se lie avec la duchesse de Cerqui, une amie de la famille. Mais sa dame de compagnie ne trouve rien de mieux que de chercher querelle à la jeune Bernoise et la provoque en duel. Les deux dames se rencontrent le lendemain, au petit matin, à l’orée d’un bois. Des coups de feu dont échangés, qui ne brûleront que quelques cheveux. Le maître de maison, informé par un valet, avait ôté les balles…
La même année, à Schöftland cette fois, où elle est accueillie par d’autres parents, les von May, elle tire sur un général allemand de passage et un peu trop entreprenant… Il s’en sortira avec une épaule fracassée, et Catherine avec une réputation à jamais sulfureuse, que ses accointances avec l’Ambassadeur de Louis XIV, Ancelot, n’adouciront guère.
Les liens entre la France et Berne sont complexes. La République des bords de l’Aar livre de nombreux contingents au roi belliqueux. Mais la révocation de l’Edit de Nantes, en 1685, change la donne. Leurs Excellences ne devraient-elles pas s’allier avec les Anglais protestants ? C’est le vœu de leur nouveau roi, Guillaume d’Orange.
Mais Catherine demeure résolument du côté des Français et s’engage à leur service. Hélas, ses activités d’espionnage au profit du monarque de Versailles sont bientôt découvertes. Arrêtée, devenue un jouet entre les factions pro et anti-françaises qui se déchirent au sein du Petit et du Grand Conseil, Catherine est torturée mais ne trahit pas ses amis. Sa famille parviendra à la sauver de la mort, mais pas du bannissement.
Elle rejoint son second mari, et complice, Samuel Perregaux en Franche-Comté, avant de retourner avec lui à Valangin où il est greffier de la bourgeoisie et où elle s’éteindra le 21 novembre 1714. Pourquoi cette fascination pour la Cour de France ? Par quête de gloire, par conviction politique ou pour assurer financièrement l’avenir de son fils Théophile ? Celui-ci sera officier au service de France et médecin dans le Val-de-Ruz…