
Constant Fornerod (1819-1899)
Grandes figures vaudoises
Né en 1819 à Avenches, Constant Fornerod se distingue rapidement par ses grandes capacités. Issu d’une famille qui avait participé activement à la Révolution de 1798, il suit un cursus universitaire qui le conduit de la Faculté de droit de l’Académie de Lausanne, puis à Tübingen, où il étudie également les sciences politiques, et à Heidelberg. Membre de la Société de Zofingue, il fait partie de ces étudiants qui, tout en restant fidèles à leur société et à ses espoirs de réunir tous les étudiants suisses sous la même bannière, adhèrent à un radicalisme de plus en plus marqué. L’apolitisme grandissant de la société ne les fera jamais changer d’avis et aucun Zofingien ne participera à la fondation de l’Helvétia, aux idéaux radicaux marqués en 1848. En 1848, il acceptera de soutenir cependant cette société, en devenant, avec Eytel et Meystre, membre honoraire. En fait, seul Meystre se révélera un vrai soutien pour la jeune société; Eytel aura des relations tendues avec elle, alors que Fornerod n’en aura sans doute aucune.

Constant Fornerod, auteur inconnu
Carrière politique de Constant Fornerod
Professeur de droit romain à l’Académie de Lausanne et rallié aux révolutionnaires radicaux en 1845, Fornerod se voit confier par Druey la chancellerie du Conseil d’Etat et est élu au Conseil d’Etat quelques mois avant que son bienfaiteur ne soit appelé au Conseil fédéral. Il succède en effet, au printemps 1848, au défunt Jules Vulliet, déjà aux avant-postes lors de la Révolution de 1830 et membre du gouvernement radical dès les journées de février achevées. Vulliet, durant les débats constitutionnels, avait toutefois manifesté un sens de la discipline mesuré, en militant contre l’initiative populaire. Il avait fallu une série d’assemblées populaires, entre les deux débats au Grand Conseil, pour ramener le gros des députés radicaux de la campagne à de meilleurs sentiments à l’égard des contraintes de la souveraineté populaire… Pas de crainte de ce type avec Fornerod qui, attaché aux idées de Druey, se plie sans difficulté aux rigueurs de la politique gouvernementale. Brillant et ambitieux, président du Conseil d’Etat en 1851, élu au Conseil des Etats la même année, il sait se fondre dans le moule et se profiler comme un successeur possible de Druey. Mais, lorsque ce dernier décède, en 1855, les radicaux pensent plutôt à Briatte ou à Blanchenay, deux révolutionnaires blanchis sous le harnais. Fornerod bouscule les usages et, jouant de sa position de président de la Chambre haute, se fait élire, à la barbe de ses contradicteurs, conseiller fédéral. Les Vaudois en seront fort contrariés.
Responsabilités au Conseil fédéral
Chef du Département du commerce et des douanes en 1855, 1856 et 1858, du Département des finances de 1859 à 1861, du Département militaire en 1862 et de 1864 à 1868, Fornerod dirige le Département politique en même temps qu’il préside la Confédération, en 1857, 1863 et 1867. Il sera toujours attentif à faire respecter la neutralité de la Suisse en faisant ouvrir des représentations diplomatiques dans les pays limitrophes. Comme président de la Confédération, en 1857, il a à mettre un terme à la crise entre la Suisse et la Prusse après les événements de Neuchâtel et, la même année, observe le Conseil national infliger un camouflet au Conseil d’Etat de son canton, à propos de l’affaire de la ligne Lausanne-Fribourg. Partisan dans une large mesure de Stämpfli et de ses visées annexionnistes envers la Savoie en 1860, il devra intervenir personnellement, en 1864, à Genève, canton au bord de la guerre civile après des élections au gouvernement qui ont dégénéré en bataille rangée du côté de Saint-Gervais.
Déclin et fin de vie de Constant Fornerod
Fornerod quitte le Conseil fédéral en 1867 pour se lancer dans les affaires. Il prend la tête d’un grand établissement financier à Genève, le Crédit franco-suisse. Il va s’établir à Paris quand cette compagnie se replie sur la France. Mais ce transfert n’améliore pas la situation de la banque, sur le point de s’écrouler, sous le poids d’une faillite frauduleuse. Fornerod séjourne en prison puis retourne en Suisse, où il trouve un modeste emploi auprès de la compagnie du Jura-Simplon. Il décède, ruiné, en 1899.
© Olivier Meuwly, Lausanne 2003