
Charles Monnard (1790-1865)
Grandes figures vaudoises
Originaire de Denges et né en 1790 à Berne, où son père tient un café, Charles Monnard accompagne sa mère devenue veuve à Lausanne où il fera désormais sa vie. Elève à l’esprit vif, le jeune Charles se voue à l’étude, avec un sérieux dont il ne se départira jamais. Et c’est dans le but de perfectionner ses connaissances qu’il fonde en 1806, avec quelques camarades, la Société de Belles-Lettres puis, en 1819, le Cercle littéraire.
Carrière académique et engagement politique
Consacré pasteur en 1814, Monnard prêchera relativement peu. Il préfère la littérature, qu’il enseigne à l’Académie dès 1817 et, surtout, se passionne pour la politique. Disciple de Frédéric-César de La Harpe, avec lequel il fondera la section vaudoise de la Société suisse d’utilité publique en 1826, Monnard adhère au mouvement libéral, qui s’oppose au gouvernement issu de la période la Médiation et qui, depuis la chute de Napoléon, apparaît de plus en plus conservateur.

Charles Monnard, par Alfred Hartmann: Galérie Nationale.
Combat pour la liberté de la presse et engagement libéral
Monnard sera dès lors de tous les combats des libéraux, fait partie de l’aventure du Nouvelliste vaudois dès 1824, avant d’en prendre la rédaction en chef dès 1826, ferraille contre l’arbitraire du Conseil d’Etat et dénonce ses atteintes à la liberté de la presse. Mais la politique active le démange: il succède à son mentor au Grand Conseil en 1829, alors que le gouvernement vacille déjà. Privé d’enseignement pour avoir publié un texte de son ami Alexandre Vinet prônant la liberté des cultes, il ne désarme pas, donne des conférences à Genève et s’impose comme l’un des chefs du mouvement libéral, comme président du Grand Conseil ou représentant de son canton à la Diète.
La révolution de 1830 et montée des tensions politiques
La révolution du 18 décembre 1830 couronne les efforts des libéraux, artisans de la Constitution adopté l’année suivante, quand bien même Monnard ne cache pas son scepticisme envers le suffrage universel. Mais le triomphe libéral est de courte durée, car déjà émerge le courant radical, inspiré par Henri Druey.
Rupture avec les radicaux et exil académique
Autrefois alliés lorsqu’il s’agissait de défendre la liberté religieuse, Druey, fidèle du philosophe allemand Hegel, et Monnard, proche du libéralisme d’un Adolphe Thiers, ne ne sont pas faits pour s’entendre: leurs visions de l’Etat et de la liberté sont résolument incompatibles.
La rupture est définitive quand éclate la révolution de février 1845. Le vainqueur, Druey, attend des pasteurs, salariés de l’Etat, qu’ils se soumettent docilement à leur employeur. Nombre de pasteurs vaudois refusent et fonderont l’Eglise libre. Monnard, de son côté, est engagé en 1846 à l’Université de Bonn, où il restera jusqu’à son décès, survenu en 1865.