Le Bulletin du mois de novembre 2024

Mais au-delà de ses origines afro-américaines, le terme est devenu un fourre-tout utilisé pour désigner et généralement critiquer des militantismes souvent centrés sur la défense des droits de groupes minoritaires et s’appuyant sur les idées de courants universitaires qui visent à promouvoir la justice sociale. Lutte contre le racisme d’abord, mais par extension lutte contre le sexisme, le patriarcat, l’homophobie, la grossophobie, la transphobie. Ou encore la lutte contre les discriminations sociales ou même à ceux qui militent pour le climat. Et que dire du mouvement #MeToo…

Telle est donc la question que nous vous posons aujourd’hui et dont la réponse vous appartient.

Et qui plus est après avoir lu notre dossier qui aborde ce sujet sous un angle politique : le libéralisme, est-il à bout de souffle? Ebauches de réponses lors de notre conférence-débat, animée par notre vice-président, Olivier Meuwly, le jeudi 28 novembre à 19h à l’Espace Gotham à Lausanne où nous aurons le plaisir d’en débattre avec quatre intervenants de renom.

Et pour ceux qui préfèrent se divertir avec un sujet plus léger et non moins intéressant à l’heure où les métiers de l’imprimerie vivent des jours difficiles, retrouvons-nous dans un magnifique musée, très intimiste, qui nous fera revivre plus de 500 ans d’histoire. Envie de sentir l’odeur d’encre, alors rejoignez-nous le mardi 19 novembre à 16h à l’Atelier-Musée Encre & Plomb à Chavannes-près-Renens.

Et pour finir l’année en beauté rien de mieux que de se retrouver autour d’un succulent repas de chasse concocté par le Chef de l’Hôtel Mirabeau à Lausanne et supervisé par notre Go de la soirée en la personne d’Hugo Milliquet, toujours partant pour éveiller vos papilles. Réservez donc le vendredi 6 décembre dès 19h. Et nous avons même pensé à ceux qui ne sont pas friands de la chasse. Ainsi personne n’aura d’excuses pour ne pas venir. Je compte sur vous pour votre présence à notre traditionnelle soirée annuelle qui, j’en suis certaine, sera comme de coutume, un pur moment de bonheur, bien loin des tourments de ce monde. Une soirée juste entre nous, comme on les aime.

Alors à très vite et très bonne lecture !

Tout n’est évidemment pas faux dans les théories relatives à la lutte contre la crise climatique ou au « wokisme », qui insiste à juste titre sur le respect des minorités. Mais qu’en est-il lorsque ces théories débouchent sur des discours prônant en réalité une nouvelle intolérance ? Le libéralisme, qui a vocation à se soucier des minorités et qui est loin de se désintéresser de la question écologique, reste toutefois souvent silencieux face ces dérives « woke », comme s’il ne les comprenait pas, comme s’il ne savait comment réagir, peinant dès lors à sérer les questions, à ne garder que les éléments qu’il convient de prendre en considération et à éliminer ce qui relèverait d’idéologies suspectes.

Comment en est-on arrivé là ? Est-il encore possible de défendre une approche raisonnable tant des problèmes écologiques, dont l’actualité météorologique rappelle la brutale réalité, que de la question des minorités, qui ne doit pas se réduire à un extrémisme politique visant à sublimer la guerre contre les discriminations et les dominations en tous genres pour en faire une sorte d’aboutissement inévitable des droits humains ? Le libéralisme est-il encore à même d’articuler un discours cohérent sur ces questions ?

Pour en discuter, le CDL organise une grande soirée-débat le jeudi 28 novembre, à 19 heures, à l’Espace Gotham (Avenue d’Ouchy 4, 1006 Lausanne) avec :

• Alain Papaux, Prof. de philosophie et de Méthodologie juridique du droit à l’Université de Lausanne
• Jonas Follonier, Rédacteur en chef du Regard Libre et auteur
• Enzo Santacroce, Maître de Gymnase, philosophe et auteur
• Yves Daccord, Président Our Common home, ancien directeur du CICR

Un apéritif dînatoire sera servi ensuite.

Pour vous inscrire, c’est par ici ➡️ inscription

En effet, deux tendances essentielles animent l’homme. D’une part « homo sapiens », créature raisonnable, réfléchissant aux conséquences de ses actes avant de les réaliser, reculant par prudence le cas échéant. L’économisme ambiant désigné par « coûts/bénéfices » cette rationalité médiocre puisque la question des fins, du « pour-quoi », de l’action envisagée n’est pas interrogée. D’autre part « homo faber », inclination presque irrésistible au faire, à l’action. La tendance au faber est plus existentielle et facile, plus viscérale. La nier par nos discours ratiocinants (logique du marché) ou volontaristes (révolution verte) nous rend arrogants alors que nous sommes devenus impuissants par trop de puissance, trop lourds et trop nombreux pour une terre paisible.

L’arrogance de « la » gauche : le monopole de sauver la planète

« Sauver la planète » témoigne tout à la fois de l’idéalisme et du modernisme, par la prétention à une maîtrise du monde. Il suffit alors de demander au maître de se restreindre. Mais homo faber trépigne déjà : réduire le numérique ? Vivre « chez soi » à 19 degrés ? Le réchauffement climatique, lui, est enclenché. L’inverser n’est pas de notre ressort ; en freiner la marche, seulement. Seule la gauche s’y entendrait. Pourtant l’écologie n’est devenue son monopole que récemment. Le cas français est exemplaire : les réformes légales majeures en écologie vinrent de la droite jusque dans les années 1990, la gauche prônant la transformation de la nature par l’homme (l’œuvre de faber) au nom d’un progressisme social peu sensible à la préservation de la nature. Le « réactionnaire » était, lui, volontiers « conservatoriste » : des traditions assurément, des paysages également, de la Création évidemment (Constitution suisse – Préambule).

L’arrogance de « la » droite : le néo-libéralisme comme principe d’irresponsabilité individuelle

Une partie de la droite a oublié le libéralisme pour migrer vers le néolibéralisme qui en nie pourtant l’esprit : privatiser les gains et publiciser les pertes (UBS puis CS, par exemple) en oubli pathétique de la responsabilité individuelle. Si la droite semble plus lucide quant à la primauté du faber sur le sapiens, elle égare le lieu, le « Vaterland », la patrie puisque, pollué, il n’accueillera plus l’homme ni ses traditions. Le respect du droit en était une ; la Cour européenne des droits de l’homme dit-elle autre chose à la Suisse que son engagement de « droit international » (Accords de Paris) n’a pas été honoré ? Les autres (États) se comportent-ils mieux ? Mais l’esprit de droite ne soutenait-il pas, à raison, qu’il n’y a pas d’égalité dans l’illégalité ? L’élitisme a aussi son coût… devenu trop fort. Économicisme, encore.

Conclusion

À gauche, l’activisme (soit un haut degré d’activité) dit faber. À droite l’« action par omission » soit l’inaction mais sans contemplation dit faber. La vigueur irrépressible en nous de ce faber s’opposera à la décroissance. Voilà pourquoi nous ne ferons rien de substantiel pour l’environnement.

On y reconnaîtra le système de pensée à l’œuvre chez les activistes affirmant que la société – en l’occurrence suisse – est structurellement raciste, que des conférences d’intellectuels, alertant contre la médicalisation précoce d’enfants ne se définissant pas dans le sexe qui leur est attribué, doivent être empêchées car elles seraient « transphobes », ou encore que si une personne se dit victime d’un harcèlement, c’est nécessairement qu’elle est effectivement harcelée. Tous ces exemples sont tirés du cas suisse et traités dans mon livre.

Ce qui est frappant, c’est que lorsque quelqu’un s’oppose à ce genre d’affirmations, le woke – qui n’assume du reste pas ce terme, qui était pourtant au départ une autodésignation – lui répondra qu’il ne fait que se battre pour la justice et donc que si l’on n’est pas d’accord avec lui, c’est qu’on cautionne l’injustice.

Parmi tous les problèmes que pose cette conception, et que je développe dans mon ouvrage, un problème politique crucial se pose à mon sens : par leur vision binaire, excluante, totalisante, les wokes distillent l’idée qu’il n’y aurait qu’une seule façon de s’opposer aux discriminations, qu’une seule façon de s’engager pour l’égalité.

Et cela concerne aussi l’écologie ! Partisan de la « convergence des luttes », le woke affirme, sûr de lui, qu’il n’y a point de salut idéologique hors du wokisme. Ainsi, la ville de Genève publiait récemment une affiche dans le cadre d’une campagne où l’on pouvait lire que le changement climatique affecte particulièrement « la communauté LGBT ». L’explication ? Le changement climatique rend la société plus précaire, et dans les sociétés plus précaires, ce sont les parts de la population les plus fragiles qui souffrent davantage. En résumé, le monde court à sa catastrophe et ce n’est pas bien pour le financement des structures d’accueil.

Les non-wokes doivent opposer à cette vision caricaturale, qui s’auto-justifie et s’auto-alimente, leur propre discours social ou écologique. La droite, notamment, ne doit pas laisser ces thèmes à ses adversaires, comme la gauche a tort de laisser l’immigration ou la sécurité à ses rivaux. Il est possible de défendre une écologie non-punitive, libérale et conservatrice, source d’opportunités économiques et reflet d’un souci plus général de préservation de l’existant.

Voilà le cœur du propos que je défendrai le 28 novembre dans le cadre de la soirée-débat organisée par le Cercle Démocratique.

Nourris par cette pensée, les philosophes du Moyen-Âge enseigneront aux hommes la prudence face à Dieu, dont l’action s’incarne dans la Nature et qui, en tant que force supérieure, peut à tout moment punir les mauvaises actions. Ce n’est qu’à partir de la Modernité que l’humain se voit attribuer une place centrale vis-à-vis de son environnement. En effet, Descartes (1596-1650) écrit une formule dans son Discours de la Méthode qui témoigne de l’humanisme naissant : « l’homme comme maître et possesseur de la Nature ».

Descartes développe son argumentaire en explicitant clairement que l’être humain, grâce à sa raison et à ses capacités techniques, peut dominer les éléments naturels pour mettre au point des structures contribuant à son confort, à sa sécurité et à sa santé. Plus encore, il affirmera que les animaux, n’étant pas munis de la parole, sont comme des automates inférieurs aux humains.

Nous sommes les héritiers de cette vision de domination de la Nature via les capacités humaines. Les critiques qui ont fusé contre le cartésianisme se comprennent, surtout lorsqu’il s’agit de réhabiliter les animaux, êtres sensibles éprouvant du plaisir et de la douleur.

Il est aussi vrai que cette vision de l’homme comme maître et possesseur a permis une surexploitation des ressources naturelles pour construire, par exemple, des routes et des industries. Cet état de fait signe-t-il donc l’arrêt de mort de la liberté ? Pour répondre, il faut renouer avec des pensées qui sont des alternatives à la vision technique et scientifique.

Être libéral signifie ici qu’il est possible de s’opposer contre la raison exclusivement instrumentale soumettant la Nature. En ceci, les critiques adressées par le wokisme à la tradition philosophique occidentale sont justifiées.

Toutefois, cette posture ne doit pas déboucher sur un effacement de nos apports culturels, bien au contraire ! C’est précisément en nommant Descartes que le libéralisme pourra puiser dans des pensées appelant l’homme à plus de modestie dans son lien avec l’habitat naturel. Citons ici le concept stoïcien de sympathie universelle selon lequel l’humain ne serait qu’une partie d’un Tout, soit la Nature, qui le dépasse. En nuisant à ce qui l’entoure (plantes, arbres, animaux), c’est à lui-même qu’il se nuit, puisqu’il est dès l’origine en lien avec les autres êtres. En d’autres termes, en respectant la Nature, l’humain se respecte lui-même.

Mon objectif est double.

1️⃣ Agir en faveur de la prospérité et du bien-être de la population, en particulier des Vaudoises et des Vaudois. Personne n’a besoin de longues réflexions pour savoir que le monde occidental et son modèle démocratique sont menacés. Face à des tensions économiques et géopolitiques tenaces – on est loin de la fin de l’Histoire qu’on nous promettait à la fin des années 1990! -, un petit pays comme la Suisse doit travailler tous les jours pour assurer à long terme sa sécurité dans tous les domaines : de la défense à l’alimentation, de son approvisionnement énergétique à la compétitivité de ses entreprises, garante des emplois.

2️⃣ Lutter contre toutes les formes de dysfonctionnements qui viennent compromettre la crédibilité de nos institutions et, par voie de conséquence, la confiance des citoyennes et des citoyens et notre stabilité politique et sociale.

L’exemple récent de l’erreur de calcul du déficit – par ailleurs réel – de l’AVS est particulièrement malheureux. Mais il n’est pas le seul. Plus récemment encore, la Chancellerie fédérale réagit mollement aux fraudes constatées dans la récolte de signatures pour des initiatives et des référendums. En mars 2023, la Finma échoue à anticiper et prévenir l’effondrement de Credit Suisse. En octobre suivant, l’Office fédéral de la statistique se trompe dans la présentation de la force des partis telle qu’elle résulte des élections fédérales. Etc. Et ce qui frappe dans ces dysfonctionnements, c’est l’absence presque totale de sanctions. Comme si personne, jamais, n’était responsable.

Voici quelques thèmes sur lesquels je suis intervenu ces derniers mois pour stimuler la politique fédérale.

Je me bats, avec d’autres, pour que l’Office fédéral de la santé publique assure la transparence des coûts de l’assurance-maladie obligatoire, encore très opaques aujourd’hui. Et pour que les assureurs-maladie soient obligés d’affecter les revenus de leur fortune à la baisse des primes. Le postulat que j’ai déposé dans ce sens a été accepté par le Conseil national en mai 2024, par 125 voix contre 57 et 5 abstentions. Malgré l’opposition du Conseil fédéral.

Je demande que les réserves de l’AVS – environ 50 milliards placés en partie à l’étranger, notamment aux États-Unis – soient raisonnablement réduites pour contribuer à la couverture du déficit à venir. Cela me paraît utile quand le Conseil fédéral envisage, à ses risques et périls, d’augmenter la TVA pour financer la 13ᵉ rente. Concernant la diminution des réserves de l’AVS, au moins, le gouvernement a proposé d’accepter mon postulat.

Le 12 septembre dernier, le Conseil national a accepté, par 146 voix contre 36 et 9 abstentions, un postulat déposé par mes soins visant à réduire le nombre d’attaques de bancomats en les équipant d’un système de neutralisation des billets de banque. Une fois encore contre l’avis du Conseil fédéral qui recommandait de rejeter mon postulat…

En mai dernier, contre l’avis du Conseil fédéral, une motion déposée par Johanna Gapany au Conseil des États et moi-même au Conseil national a été acceptée par les deux chambres. À l’unanimité au Conseil des États, par 150 voix contre 28 et 7 abstentions au Conseil national. Elle demandait que l’administration fédérale cesse d’interpréter à sa façon, mais au détriment de certaines entreprises, le remboursement des aides à fonds perdus versées pendant la crise du Covid. Dans un État de droit, le politique décide, l’administration met en œuvre.

C’est du moins dans cet esprit que je conçois le mandat qui m’a été confié par les électrices et les électeurs.

Il faut se reporter au droit de la propriété. En effet, un propriétaire peut être incommodé par une exploitation excessive du bien-fonds voisin dont il subit les nuisances et il dispose de moyens légaux pour rétablir une situation conforme au droit.

Des nuisances émanant d’un bien-fonds

Si l’environnement est l’ensemble des éléments objectifs et subjectifs constituant le cadre de vie d’un individu (d’après Larousse), alors la pollution ou la nuisance émise par un voisin est une altération de l’environnement contre laquelle le propriétaire touché peut se défendre, lui-même, sans attendre une intervention étatique. L’article 679 du Code civil (CC) concrétise ce droit en ce sens que celui qui est atteint ou menacé d’un dommage parce qu’un propriétaire excède son droit, peut actionner ce propriétaire pour qu’il remette les choses en l’état ou prenne des mesures en vue d’écarter le danger, sans préjudice de tous dommages-intérêts. Cette règle fait écho à l’art. 684 CC qui prescrit que le propriétaire est tenu, dans l’exercice de son droit, spécialement dans ses travaux d’exploitation industrielle, de s’abstenir de tout excès au détriment de la propriété du voisin. Sont interdits en particulier la pollution de l’air, les mauvaises odeurs, le bruit, les vibrations, les rayonnements ou la privation de lumière ou d’ensoleillement qui ont un effet dommageable et qui excèdent les limites de la tolérance que se doivent les voisins d’après l’usage local, la situation et la nature des immeubles.

Une modification plus récente de la loi va même jusqu’à permettre au propriétaire touché par les nuisances d’exiger un dédommagement s’il est victime de nuisances émanant d’un bien-fonds voisin alors que ce dernier en fait une exploitation parfaitement licite. C’est le cas par exemple lors des travaux de construction, dûment autorisés. Il faut néanmoins que les atteintes soient excessives et entraînent un dommage, ce qui peut être le cas si des locataires exigent une réduction de leur loyer en raison du bruit d’un chantier.

Les actions possibles

Le propriétaire victime des nuisances peut agir en cessation du trouble en contraignant son voisin à faire cesser l’activité incommodante. En plus de l’élimination de la cause du dommage sur le fonds où elle a son origine, le propriétaire touché peut aussi demander une réparation du préjudice qu’il a subi sur son bien-fonds. Dans ce second cas, il faut agir dans les trois ans pour éviter la prescription. À noter que cette action est possible contre le voisin, qu’il soit une personne privée ou une collectivité publique. Il faut toutefois être en mesure de démontrer que l’atteinte est excessive, autrement dit qu’elle est d’une certaine intensité. Une simple gêne occasionnelle n’est pas suffisante. Il peut parfois être difficile de déterminer où se situe la « ligne rouge », mais les juges ont l’art de rappeler aux justiciables qu’il ne faut pas les déranger avec des bagatelles. Le droit public de l’environnement, souvent plus technique, peut parfois donner quelques pistes de réponses. Si le juge civil n’est a priori pas lié par la jurisprudence rendue par ses collègues en droit public, une coordination des principes valables dans l’un et l’autre droit peut constituer une argumentation intéressante, quand elle est possible, ne serait-ce que pour fixer des seuils de tolérance.

La réponse des autorités au COVID-19 a elle aussi contribué à l’accélération de ces tendances mais a également bouleversé l’ordre politique, économique et social comme rarement depuis la chute du Mur de Berlin. Là où, jusqu’alors, l’intervention de l’État était considérée par une majorité comme plutôt malvenue, elle est devenue, non seulement, possible mais également nécessaire. Si nous vivons actuellement une crise, c’est surtout et avant tout celle engendrée par des dépenses publiques trop élevées et par des choix politiques dispendieux dont nous ne voulons pas accepter les conséquences. Alors que faire ?

Au risque de passer pour quelqu’un de caricatural, la réponse est relativement simple : un travail à 100% doit permettre de vivre de son revenu sans avoir besoin de percevoir toute forme d’aide sociale, d’offrir à ses enfants un avenir meilleur et financer une retraite correcte. L’État est devenu trop vorace et étouffe les contribuables ! À chaque fois que l’État intervient, il ralentit l’action des acteurs privés par des procédures parfois inutiles. Le canton de Zurich par exemple connaît une fiscalité plus clémente tout en offrant à ses citoyens un niveau de service comparable… Autre élément inquiétant en terres vaudoises, 10% des emplois dans le canton dépendent directement de l’État sans compter les enseignants. Une récession ferait grimper ce chiffre à 20-25%. En cas de déficit important, des postes devront être supprimés de manière linéaire. Face à ce constat, il faut renforcer le pouvoir d’achat et réduire la voilure de l’État. Les thèmes suivants doivent tous être attaqués de front afin d’atteindre l’objectif précité :

•Santé : renforcer le rôle des acteurs privés de la santé : là où une prestation à charge de l’assurance maladie obligatoire peut être fournie de manière plus économique par un acteur privé, ces derniers doivent se la voir déléguée ;

•Logement : les procédures pour les permis de construire doivent être accélérées en limitant le droit de regard des services spécialisés de l’État sur les dossiers et les opportunités offertes par la numérisation des prestations de l’État doivent être saisies ;

•Fiscalité : le Canton de Vaud est l’un des pires élèves de Suisse. La politique « ambitieuse » du Conseil d’État ne va pas assez loin au regard de la situation actuelle. Un effort particulier doit être consenti sur l’imposition sur le revenu. Une baisse d’au moins 10% doit être atteinte ;

•Efficience de l’État : un audit systématique de l’ensemble des départements doit être entrepris par la Cour des comptes pour permettre de supprimer les postes superflus ;

Si nous n’intervenons pas maintenant, le Canton de Vaud risque de se transformer, dans un horizon de 15 ans, en sorte de micro République Française au bord du Léman. Cela n’est ni enviable, ni souhaitable. Il est temps de mettre fin à la crise des dépenses publiques par une gestion rationnelle des deniers publics et par une plus grande autonomie des acteurs privés.

Assainir les dépenses publiques et redynamiser l’économie vaudoise nécessitera du courage politique. Cela ne sera pas simple. Mais c’est à ce prix seulement que nous pourrons maintenir la qualité et le niveau de vie que nous avons connu ces 20 dernières années !

Lorsque l’esprit de consommation l’emporte sur l’idée communautaire, lorsque l’individualisme triomphe de l’altruisme, la société démocratique chancelle et ses structures citoyennes, désormais accaparées par quelques-uns, privilégient le bénéfice immédiat et la carrière personnelle. Ainsi en va-t-il également de la Santé Publique. En effet, tous les acteurs de ce secteur essentiel de la vie communautaire ont adopté aujourd’hui des comportements dont il est banal de dire qu’ils nous conduisent droit à l’abîme.

Les régions et les syndicats défendent « l’entreprise hôpital » en privilégiant l’impact économique et salarial à la qualité et à la nécessité des soins. Écrasés sous le poids des cotisations, bien-portants et malades recherchent le « retour sur investissement », cumulant traitements de confort et check-up pour dépasser leur franchise annuelle. Contraints à une guerre sans merci dont moins de cinq émergeront d’ici peu, les assureurs sélectionnent les bons risques, se ruinent en actions promotionnelles et s’épuisent en mutations en pleine opacité financière. Sous les feux trompeurs de la

« réalité des coûts », des factures de clinique absorbent en trois jours plus de cent mois de cotisations. Trop nombreux suite au refus obtenu du numerus clausus, les médecins sont tentés par la multiplication des actes dans la nécessité de conserver leurs patients et leur savoir-faire. Sous la pression de leurs actionnaires mais aussi des caisses de pension aux rendements légalement fixés, les entreprises pharmaceutiques multiplient études scientifiques et manœuvres de séduction ; lorsqu’elles convainquent quelques professeurs d’abaisser la valeur limite d’un tension artérielle ou d’un taux de cholestérol, elles s’ouvrent un vaste territoire aux ressources substantielles. Les jurisprudences des tribunaux mettent à charge de la collectivité les dizaines de millions que coûte le remplacement de prothèses posées pour raisons esthétiques ou attribuent un milliard aux cantons. Ceux-ci s’arrachent les subsides et peinent à entourer leurs frontières. Quant à la Cheffe du Département de l’Intérieur, elle n’a que ses promesses électorales pour justifier le remboursement de « médecines » parallèles ou druidiques, bien en mal de prouver leur efficacité.

Et pourtant, tous les jours, des enfants naissent sans traumatisme, des opérations libèrent, des traitements sauvent, des médecins visitent et diagnostiquent, des caisses-maladie mettent la solidarité en pratique et des cliniques garantissent cette personnalisation qu’offre la liberté de choix du médecin. Jusqu’aux tribunaux qui permettent d’introduire un traitement plus efficace, faute de meilleure entente des autres intervenants et aux cantons qui soutiennent les plus défavorisés.

« Assis à leurs pupitres, les musiciens jouaient alors que le bateau sombrait ».

Caricatural ? À peine ! Trois ans d’augmentations cumulées des cotisations de l’assurance de base porteront celles-ci à environ 500.- par mois et par personne si aucune mesure n’est prise : 500 francs fois deux, 25% de la rente de couple AVS maximale ! Pensons-nous vraiment que la population va l’accepter comme une fatalité, heureuse des vertus et des luxes du système ? Les solutions les plus populistes et les plus frustes ont toutes leurs chances d’être retenues ; ce ne sont pas les initiatives populaires qui manquent et il y a fort à craindre que, cette fois, le bébé ne soit jeté avec l’eau du bain. À moins que…

À moins que n’apparaissent rapidement des groupes de réflexion, proches de la pratique et du terrain, sensibles aux inquiétudes et aux besoins des bien-portants et des malades, suffisamment libres pour ne rejeter aucune hypothèse et explorer toutes les voies. Pourquoi même n’interrogeraient-ils pas leurs concitoyens malades auxquels nous nous substituons si volontiers ? Du rassemblement de leurs réflexions, au-delà du discours politique, pourrait jaillir l’ébauche d’une nouvelle structure… De même qu’on ne peut appliquer aveuglément les lois du marché et de la concurrence à la Santé Publique, de même on ne peut la soumettre qu’avec circonspection aux calculs et aux équilibres du débat politique. L’échec dramatique de la LAMal, que j’ai pourtant défendue pour son universalité, le démontre à l’évidence.

Concernant la pléthore de médecins : il faut dire qu’à l’époque les médecins travaillent presque tous à 100%, que leurs cabinets sont encore aisément accessibles et que déjà il est bien plus rémunérateur et certainement moins risqué de choisir une spécialité que la médecine de famille.