Le Bulletin du mois d’août 2024

Certes ce n’est qu’un début, une sorte d’initiation en terme de compréhension de son fonctionnement, d’apprentissage de son utilisation de manière responsable et de prise de conscience de ses enjeux. Dans nos prochains numéros une nouvelle rubrique dédiée à l’intelligence artificielle vous présentera des astuces, des nouveautés et des interviews d’experts. Des formations et des conférences seront également organisées pour vous permettre de mieux maîtriser cette nouvelle technologie.

Ainsi, pour débuter et poser les bases de notre réflexion, nous avons invité des personnalités de différents horizons à partager leurs expertises, sous différents angles : politique, utilisateurs, éthique et sociétal ou philosophique. Merci à eux d’éclairer quelque peu nos lanternes. Et même nos chroniqueurs des rubriques habituelles du bulletin (*santé-social, droit au but et les jeunes ont la parole*) se sont penchés sur la question. Comme quoi ce sujet est important pour nous toutes et tous…

Ce numéro vous réserve aussi d’autres sujets, certes plus légers, mais que nous savons fort appréciés par bon nombre d’entre vous : nos opportunités de rencontres et d’échanges, chères à notre Cercle.

Après le vif succès de la visite à la Sûreté vaudoise, nous changeons radicalement de registre et vous proposons de vous faire découvrir l’une des facettes du milieu bancaire. Le mercredi 25 septembre, nous vous convions à une visite exclusive de la salle des marchés de la Banque Cantonale Vaudoise à Prilly, l’une des plus grandes de Suisse romande.

Cette visite vous offrira une immersion unique dans un environnement de haute technologie où plus de 60 spécialistes associent leurs compétences dans les domaines des devises, produits structurés et dérivés, ainsi que des titres. Attention : à vos agendas, car le nombre de places est limité.

Et qui dit bulletin N° 3, dit sortie d’automne. Cette année, nous vous emmenons au cœur des Dolomites. Du 7 au 10 octobre, vous découvrirez une région, bijou inscrit au Patrimoine de l’UNESCO, entre montagne, vignoble, nature immense et un ciel plus grand que les rêves. Ça vaut le déplacement, alors préparez vos valises!

Et naturellement, vous avez toujours la possibilité de passer à notre vigne de Chardonne le samedi 7 septembre dès 11h pour notre dernier apéro de la saison et même la possibilité de commander notre vin auprès de Delphine Morel. La cuvée du Cercle 2023 vous attend et elle est délicieuse.

Dernier rendez-vous de l’automne, avis aux membres qui désirent rejoindre la section Tir, la saison est ouverte. Vous retrouverez toutes les dates en page 43 de ce bulletin. Jean-Pierre et son équipe vous attendent. De nouveaux talents de tireurs se cachent peut-être parmi nos membres. Alors n’hésitez pas à passer la porte de notre stand de tir, vous y serez bien accueillis.

Au plaisir de vous retrouver à l’une ou l’autre de nos manifestations, mais pour la plupart d’entre vous, au plus tard le vendredi 6 décembre pour notre soirée annuelle à l’Hôtel Mirabeau.

Bon début d’automne et à très vite.

Une révolution technologique
L’imprimerie a permis l’émergence de journaux politiques, formant ainsi l’opinion publique. Aujourd’hui, les réseaux sociaux ont pris le relais, transformant les politiciens en influenceurs. L’IA, avec ses algorithmes, joue un rôle majeur dans cette évolution, enfermant les utilisateurs dans des bulles de filtre et limitant le débat démocratique. Elle influence nos choix sur les réseaux sociaux, oriente nos recherches en ligne et façonne notre perception du monde. Les algorithmes, ces « pseudo-intelligences » capables de calculs complexes, nous enferment dans des bulles informationnelles qui réduisent notre capacité à comprendre et à accepter les opinions divergentes.

Pourtant, l’IA offre aussi des solutions prometteuses. Dans le domaine de la santé, elle diagnostique des maladies plus tôt que l’œil humain. En recherche, elle offre des solutions rapides aux scientifiques. En gestion des ressources, elle optimise la consommation en se basant sur nos habitudes. Mais comme toute nouvelle technologie, elle soulève des problématiques complexes.

Les invités du dossier spécial
Pour poser les bases de notre réflexion, nous avons invité des personnalités de différents horizons à partager leur expertise. Les conseillers nationaux Olivier Feller et Samuel Bendahan, qui ont déposé plusieurs interventions parlementaires sur le sujet, nous apportent leur éclairage politique. Anouch Seydtaghia, journaliste au Temps, analyse les enjeux de l’IA pour les utilisateurs. Yann Costa président de l’Association Café-philo, aborde la question sous un angle philosophique. Enfin, Estelle Pannatier, de l’association AlgorithmWatch, présente les défis éthiques et sociétaux liés à l’utilisation de l’IA. Nos rubriques habituelles, telles que « santé-social », « droit au but » et « les jeunes ont la parole », se sont également penchées sur la question.

Le CDL : votre guide dans l’ère de l’IA

Face à l’IA, deux attitudes sont possibles : l’ignorer ou l’apprivoiser. Nous avons choisi la deuxième option. Comprendre le fonctionnement de l’IA, apprendre à l’utiliser de manière responsable et prendre conscience de ses enjeux sont les clés pour relever le défi qu’elle représente pour notre société. Dans les prochains numéros, une nouvelle rubrique dédiée à l’IA vous présentera des astuces, des nouveautés et des interviews d’experts. Des formations et des conférences seront également organisées pour vous permettre de maîtriser cette technologie.

Alors, prêts à rejoindre l’aventure avec nous ? L’IA est là, et il est temps de la comprendre pour mieux l’utiliser au service de la Cité.

That the question
C’est le sens de plusieurs de mes interventions au Conseil national, en particulier d’une interpellation déposée le 2 mai 2023. Depuis lors, j’ai régulièrement renouvelé mes interrogations. Le secrétaire général de l’ONU, la présidente de la Commission européenne et divers scientifiques de renom ayant déclaré que la gestion des risques potentiellement catastrophiques de l’IA (accidents dans des infrastructures critiques, déstabilisation politique) devait être une priorité mondiale, j’ai demandé au Conseil fédéral, le 19 septembre 2023, s’il estimait avoir pris les mesures suffisantes pour y parer. La réponse est malheureusement négative à ce jour. Le premier rapport sur les enjeux de l’IA ne devrait être publié que d’ici la fin de cette année…

Quels sont les risques ?
1. Même quand l’IA est utilisée dans un objectif scientifique, elle repose sur des algorithmes, eux-mêmes alimentés par une accumulation de données. Mais cela n’implique pas que les données soient exactes et que l’information qui en résulte soit correcte.

2. Les applications d’IA peuvent constituer un risque de sécurité en tant que tel, sans aucune intervention humaine, par exemple si le système de conduite autonome d’un véhicule ou de gestion d’une infrastructure critique se met à dysfonctionner. J’ai attiré l’attention du Conseil fédéral sur ce type de risque en lui demandant quelles étaient les mesures prises dans une interpellation déposée le 13 juin 2024.

3. Le rapport semestriel de l’Office fédéral de la cybersécurité du 6 mai 2024 relève que le nombre de tentatives d’escroquerie impliquant l’IA est en hausse. Ces attaques s’appuient notamment sur des images générées par l’IA ou prennent la forme de fraudes à l’investissement empruntant le nom de personnalités connues.

4. ChatGPT et les autres plateformes de ce genre sont autant de fabriques potentielles de faux, de tricheries, de fake-news qui sont de véritables fléaux et qui menacent clairement nos démocraties. Car l’information, c’est du pouvoir, et la fausse nouvelle circule de la même manière, parfois même plus facilement, que la vraie. Elle peut même permettre d’intervenir de l’étranger, en tenue camouflée, comme la Russie s’y emploie depuis des années…

Pour toutes ces raisons, il me paraît évident que « laisser faire, laisser aller » n’est pas la solution et que l’IA doit être encadrée. C’est d’ailleurs la ligne de la Convention sur l’intelligence artificielle adoptée par le Conseil des ministres du Conseil de l’Europe le 17 mai 2024. Cette convention vise à garantir le respect des droits humains, de la démocratie et de l’État de droit en matière d’IA. La Suisse devrait la signer en septembre prochain.

Mais son application n’interviendra qu’à l’issue d’un long processus. Le Conseil fédéral doit d’abord préparer un message en vue de la ratification de la Convention par le Parlement. On en a pour un an au minimum. Puis la législation fédérale devra être adaptée et cela prendra plusieurs années (élaboration d’un avant-projet, mise en consultation, élaboration d’un message du Conseil fédéral, travaux parlementaires). Tout sera donc très lent alors que la technologie avance à toute vitesse.

Atteinte au libéralisme? Refus du progrès?
Pas du tout. Les inventions ont toujours été accompagnées par des réflexions éthiques et juridiques pour en limiter l’usage et les nuisances. Il n’y a aucune raison pour que l’IA échappe à ce type de régulation. Le libéralisme lui-même est soumis à des valeurs humanistes comme à des valeurs de vie en société qui lui sont supérieures.

Quels buts et quels moyens pour l’IA ?
Comme toute technologie de « disruption », c’est-à-dire qui est à même de changer drastiquement les choses, l’IA mène avec elle une question de base : à qui profite-t-elle ? Si elle est efficace, qui en bénéficie ? Si elle travaille mieux qu’un humain, qui reçoit cette incroyable valeur ? Si elle peut améliorer notre niveau d’information ou troller toute une nation, pour qui est-elle en mission ? Cela dépend de notre stratégie de gouvernance de la technologie. Aujourd’hui, nous sommes extrêmement libéraux, souvent avec deux arguments. D’abord, nous sommes toutes et tous pour la liberté. Ensuite, on dit que c’est de toute façon impossible de réguler la technologie.

Réguler ? Sans-doute. Promouvoir ? A coup sûr !
Ce ne sont pas de si mauvaises raisons que cela. Un environnement libéral peut promouvoir la créativité, amener des idées, et il est vrai que réguler tout seul sur des questions globales n’est pas toujours efficace. Sans encadrement, des idées profitables mais qui font fondamentalement du mal à la société peuvent se muer en désinformation, en harcèlement automatisé, en arnaques ou en d’autres problèmes. Protéger la population en mettant quelques exigences sur les intelligences artificielles, pour éviter les problèmes, fait donc du sens. Indépendamment de ce qu’on pense des initiatives européennes pour réguler les IA, il est vrai que mieux vaut une moins bonne régulation au niveau international qu’une excellente régulation sur un territoire réduit : la Suisse a intérêt à reprendre le cadre européen pour éviter les pires dérives.

Mais en vrai, le plus important, c’est que la Suisse dispose d’atouts considérables pour influencer directement le monde de l’intelligence artificielle : hautes écoles au top, programmes de recherche, écosystème et pouvoirs publics performants. Ce que nous pourrions faire de mieux, c’est contribuer à travers cet écosystème au développement de technologies au service du bien commun. Si la Suisse investit pour que soient élaborées sur son territoire les intelligences artificielles de demain, utiles pour la collectivité, alors nous pourrions apporter notre pierre à l’édifice tout en renforçant et renouvelant notre potentiel économique. Grâce à la Suisse, il serait possible d’avoir des IA transparentes dans leur fonctionnement, libres d’accès, utiles pour les PME sans devoir verser des royalties à des monstres de la technologie. Grâce à la Suisse, nous pourrions avoir des technologies qui régatent avec les IA dommageables, par exemple en matière de détection des deepfakes, de prévention de la désinformation.

L’IA au service du bien commun
En conclusion, malgré toutes les craintes plus ou moins proches de la science-fiction, celle qui est sans doute la plus dangereuse est la perte de contrôle sur cette technologie extraordinaire. Si la démocratie devient asservie à des technologies plutôt que de décider de comment elle peut servir l’humain, alors nous prenons plutôt le risque d’être des victimes du progrès, plutôt que d’en bénéficier. Nous avons souvent cru beaucoup trop tard aux technologies qui sont d’abord pensées pour le bien commun, ce qui les a souvent reléguées au second plan, comme par exemple avec le logiciel libre, qui a un bien plus grand potentiel que ce que nous en faisons aujourd’hui. La réalité, c’est que plus une technologie est extraordinaire, plus il est important que nous puissions en maîtriser la destinée et en avoir un contrôle démocratique.

Pour une fois, même sur la scène internationale, la Suisse peut vraiment tirer son épingle du jeu si elle parvient à passer outre l’idéologie.

Cette fuite en avant nous concerne tous. Mais sommes-nous réellement prêts à être projetés dans ce nouvel univers numérique? C’est loin d’être certain. Il y a d’abord un sérieux doute à avoir sur les compétences numériques de la population. En mai, la Fondation Risiko-Dialog publiait une étude aux conclusions édifiantes. Ainsi, 31% des sondés affirmaient qu’ils possédaient un énorme déficit de compétence numérique. Ces personnes « ont du mal à effectuer les activités de base et quotidiennes, telles que faire des achats en ligne, payer des factures via e-banking, communiquer via WhatsApp ou trouver des informations importantes sur internet », notaient les auteurs de l’étude. Difficile, avec de telles lacunes technologiques, de demander à ce quasi tiers de la population d’utiliser des outils d’intelligence artificielle générative aussi simples d’emploi que ChatGPT.

Intérêt en baisse
Attention: cela ne veut pas dire que deux tiers des internautes sont parfaitement adaptés à ce monde numérique en bouleversement. Des études montrent que seule la moitié de la population a testé jusqu’à présent un service comme ChatGPT. C’est très peu. Et rien ne dit que cette utilisation est régulière. Regardez autour de vous, discutez de cela avec vos collègues, amis et parents: qui emploie souvent ces outils? Qui teste les dernières fonctions proposées?

Après l’emballement survenu dès le 30 novembre 2022, date du lancement de ChatGPT, c’est comme si, du côté des consommateurs, l’intérêt avait diminué. Loin de nous l’idée de promouvoir aveuglément ChatGPT, ses concurrents Gemini de Google, Copilot de Microsoft ou cette future « Apple Intelligence ». Mais ce manque de compétences numériques, associé au désintérêt d’une part importante de la population, est inquiétant.

Car il y a d’abord un risque au niveau individuel. On parle beaucoup de ces professions immédiatement à risque à cause de l’explosion de l’intelligence artificielle générative: spécialistes en marketing, écrivains, artistes, journalistes… Mais de manière plus subtile, il y a le risque de se faire déclasser par ses collègues, à cause des nouvelles compétences numériques qu’ils auront acquises. Des collègues qui savent utiliser des outils d’IA générative, qui se tiennent au courant des dernières innovations, qui testent, deviennent plus efficaces, rapides et productifs…

Risque collectif
Et il y a aussi un risque majeur au niveau collectif. Méconnaître ces nouveaux services, leurs possibilités, les dangers qu’ils causent, voire les arrière-pensées de leurs créateurs, c’est prendre le risque de subir ces changements sans avoir le moindre mot à dire. Ce n’est pas qu’une mode éphémère: la démocratisation fulgurante de l’IA modifie (« bouleverse » est sans doute trop fort) notre façon de travailler, de nous informer, de décider.

Si nous ne connaissons pas ces services, nous ne serons pas capables, collectivement, d’avoir un regard critique à leur sujet, pour prendre des décisions pertinentes: une possible régulation, des comptes à demander aux géants de la tech, des initiatives pour favoriser des solutions pour tout ou partie souveraines… Ne laissons pas totalement les empires du numérique décider de notre avenir, ne soyons pas passifs face à des innovations dont beaucoup semblent si attirantes.

Débattre ensemble
D’où l’importance d’être curieux face à ChatGPT & co, de suivre de près leurs évolutions, de manière critique. Et de débattre, ensemble, de ce qui est bon pour nous. Pour cela, ne misons pas trop sur les ténors de la Silicon Valley, même ceux qui se réclament du courant dit de « l’effective altruism ». Nous tenons une partie de notre destin entre nos mains.

Avec l’introduction de GPT-4o, le dernier modèle en libre accès d’OpenAI, il n’est même plus nécessaire de savoir lire ou écrire. Il suffit de parler à l’algorithme pour obtenir une réponse orale, dans la langue désirée, à n’importe quelle question. Un téléphone et une connexion internet suffisent pour accéder, en quelques secondes, à la connaissance accumulée par l’humanité au cours de l’histoire. Et ce n’est que le début.

Mais l’IA n’est pas seulement plus puissante que l’imprimerie. La différence entre ces deux innovations réside davantage dans leur nature que dans leur degré. En effet, l’IA est la première entité non-humaine capable d’interpréter, comprendre et générer du langage naturel¹. Avec elle, ce n’est plus l’Homme qui appréhende la technologie, mais la technologie qui appréhende l’Homme. La machine nous étudie davantage que nous l’étudions, ce qui fait de l’IA une sorte de « livre vivant ».

Quand l’Homme délègue son intelligence
Cette différence fondamentale contient au moins deux menaces. D’une part, alors que le livre stimule l’activité, l’IA nous habitue à la passivité. Si la lecture contribue à notre indépendance intellectuelle par l’accumulation de connaissances, l’IA, par sa capacité à nous fournir des informations prêtes à l’emploi, favorise notre dépendance. D’autre part, la performance des modèles de langage dépend de la quantité et de la qualité des données sur lesquelles ils s’entraînent. Ce qui conduit inévitablement à une concentration du marché des IA au sein d’une poignée d’entreprises.

Cumulez ces deux effets – notre dépendance vis-à-vis des modèles de langage et la centralisation de leur propriété – nous rendent vulnérables au contrôle et à la manipulation. Derrière les algorithmes se trouvent des humains susceptibles de filtrer et de diriger l’information délivrée par leurs modèles à des fins privées ou politiques. Et même à supposer une bonne gouvernance de ces entreprises, le risque d’erreur technologique reste considérable. Face à ces menaces, il ne s’agit pas de rejeter l’évolution technologique, aux bénéfices immenses, mais de la comprendre pour mieux l’apprivoiser.

La philosophie, un agent d’indépendance
Hier, l’imprimerie a fait de nous des experts dans la recherche et l’accumulation d’informations éparpillées à travers d’innombrables ouvrages. Aujourd’hui, la formation est immédiatement accessible, grâce à des algorithmes capables de la localiser et de la synthétiser en moins de temps qu’il ne faudrait à l’Homme pour lire une seule phrase. Cette instantanéité de l’accès à l’information démonétise l’accumulation de connaissances, jadis glorifiée par la démocratisation du livre. Avec une telle technologie à notre portée, la compétence clé n’est plus de savoir, mais de « savoir ce qu’il faut chercher à savoir ». Ce changement de paradigme marque une transition, d’une orientation « tournée vers l’extérieur », caractérisée par une quête active d’informations guidée par des questions prédéfinies, vers une orientation « tournée vers l’intérieur ». Dans ce nouveau modèle, le temps autrefois consacré à la recherche d’informations est investi dans l’élaboration des questions à poser à ce vaste océan de savoir.

Les technologues nomment cela le prompt engineering – l’art de formuler des requêtes performantes, les fameux prompts –. Les philosophes vont plus loin : ils parlent de problématisation. Problématiser, selon les mots de Fabrice Gerschel, fondateur de Philosophie Magazine, « n’est pas seulement l’art de poser la bonne question, mais de trouver l’autre question, plus fondamentale, qui conditionne la première ». Dans cette nouvelle ère, l’enseignement de la philosophie et la participation active aux débats et discussions deviennent essentiels. Ils sont les canaux par lesquels nous apprenons à problématiser et à penser de manière critique, deux compétences cruciales pour maintenir notre indépendance intellectuelle face aux machines et à leurs concepteurs. Car lorsque les interfaces se mettent à imiter la pensée, notre véritable pouvoir réside dans notre capacité à définir les conditions de ce dialogue.

Nous n’avons pas toujours conscience du fait que certaines décisions importantes nous concernant sont prises non pas par des humains, mais par une Intelligence artificielle (IA) ou des systèmes algorithmiques. Évaluation de nos candidatures[1], traitement de nos déclarations d’impôt[2], diagnostics médicaux[3] ou prévention de délits[4]; de nombreux domaines sont concernés. L’utilisation de ce genre de système peut cependant mener à des discriminations et renforcer les schémas discriminatoires existants.

Comment les algorithmes peuvent-ils discriminer ?
Les algorithmes ne sont ni neutres ni objectifs. Ils sont programmés par des humains qui se basent sur certaines hypothèses, et poursuivent des intérêts et des buts particuliers. Ainsi, à moins d’être activement combattus, les schémas de discrimination existants dans une société se reflètent dans les résultats que livrent les algorithmes. Ces discriminations peuvent provenir des données utilisées (manque de représentativité, données obsolètes, traitement inadéquat des données), de l’algorithme lui-même (modèle excluant certains paramètres importants) ou de la manière dont il est utilisé (besoins à satisfaire, utilisation réelle dans la pratique).

Ces discriminations peuvent se manifester dans de nombreux domaines. Au Royaume-Uni, par exemple, un algorithme[5] soupçonnait de manière disproportionnée les personnes handicapées de fraude aux prestations sociales et les soumettait à des contrôles bureaucratiques. Aux Pays-Bas, des milliers de familles ont été plongées dans une détresse existentielle lorsqu’un algorithme discriminatoire[6] leur a demandé à tort de rembourser des allocations familiales perçues pendant des années.

La discrimination algorithmique présente des caractéristiques particulières. Tout d’abord, elle est difficile à déceler pour les personnes concernées. Ensuite, elle s’exerce de manière systémique, puisqu’elle est présente au sein même de l’algorithme et peut donc concerner un nombre élevé de personnes. Par ailleurs, elle résulte souvent de variables de substitution, aussi appelées « proxy », c’est-à-dire des caractéristiques connues d’une personne (par exemple le numéro postal de son domicile) qui permettent de déduire de manière systématique et automatisée son niveau socio-économique et son origine.

Une législation encore lacunaire
En Suisse, le cadre juridique actuel en matière de protection contre la discrimination présente d’importantes lacunes[7]. Tout d’abord, l’interdiction de la discrimination ne s’applique pas directement aux acteurs privés. Or, ce sont en majorité les entreprises privées qui développent et emploient les systèmes algorithmiques. Deuxièmement, le cadre législatif actuel ne permet pas de couvrir les spécificités de la discrimination algorithmique (il ne prend par exemple pas en compte le fait que ce type de discrimination est souvent le fruit de la combinaison de plusieurs éléments distincts faisant l’objet d’une protection spécifique). Finalement, pour une protection effective contre les discriminations, des moyens juridiques efficaces tels que l’action collective font encore défaut. Il est difficile d’identifier les personnes concernées par la discrimination algorithmique, qui peinent donc à obtenir justice, cela d’autant plus que les ressources nécessaires pour mener une procédure judiciaire font souvent défaut.

Une large coalition demande au Conseil fédéral d’agir
Fin juin, une large coalition de personnalités et d’organisations a lancé un appel[8] à l’initiative d’AlgorithmWatch CH pour que le Conseil fédéral prenne des mesures de protection contre la discrimination par les algorithmes et l’IA. Le Conseil fédéral analyse d’ici fin 2024 le besoin de régulation en matière d’IA. Lors de la session d’été, deux motions ont été déposées au Conseil national, avec un large soutien de tous les partis, visant à renforcer la protection contre la discrimination par les algorithmes et l’IA par des mesures légales[9] ainsi que par des analyses d’impact obligatoires[10]. La pression sur le Conseil fédéral vient donc aussi du Parlement. La reconnaissance de la nécessité d’agir et les mesures de protection contre la discrimination qui en découlent constituent un pas important pour que les algorithmes et l’IA puissent réellement profiter aux personnes et non pas leur nuire.

*Une première version de cet article est parue sur humanrights.ch)

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[1] https://algorithmwatch.ch/fr/findhr/

[2] https://algorithmwatch.ch/en/atlas/?category=tax-administration

[3] https://algorithmwatch.ch/fr/racial-health-bias/

[4] https://algorithmwatch.ch/en/atlas/?category=predictive-policing

[5] https://www.theguardian.com/society/2021/nov/21/dwp-urged-to-reveal-algorithm-that-targets-disabled-for-benefit

[6] https://www.politico.eu/article/dutch-scandal-serves-as-a-warning-for-europe-over-risks-of-using-algorithms/

[7] https://algorithmwatch.ch/fr/discrimination-par-des-algorithmes/

[8] https://algorithmwatch.ch/fr/ia-sans-discrimination/

[9] https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20243795

[10] https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20243796

Une simple anecdote pour planter le décor. Lorsque le Tribunal des baux reçoit un courrier électronique, il envoie une lettre par la poste aux avocats les invitant à se rendre physiquement au greffe à Lausanne afin qu’ils puissent en faire une photocopie. Qu’en penser à l’ère du numérique?

Des histoires comme celle-là, il en existe hélas beaucoup. L’administration pense être « cyber » du seul fait qu’elle met à disposition des formulaires papier scannés sur internet, à charge pour le contribuable de les imprimer, les remplir à la main (faute de machine à écrire), les signer, puis les envoyer par la poste.

L’IA frappe à la porte, mais nous ne l’avons pas encore ouverte au numérique
Concentrons-nous sur le monde de la justice et félicitons-la tout d’abord d’avoir abandonné le fax il y a quelques années, pour l’avoir remplacé par l’«e-fax». Derrière ce terme étrange que personne n’utilise dans la vie réelle et qui semble faire le pont entre l’ancien et le nouveau se cache un simple courrier électronique. Mais il n’est à utiliser qu’en cas d’urgence dans des cas bien définis; pour ce faire, il faut écrire une lettre sur papier, l’imprimer, la signer, la scanner, puis la transmettre en pièce jointe par courriel à l’adresse «e-fax», avant de la mettre sous pli pour qu’elle parte également par la poste. Vous voyez, on n’y est encore pas tout à fait.

Tout n’est pas si caricatural. Alors que le dossier électronique du patient est embourbé, le dossier judiciaire, lui, mijote son entrée en scène. **Sous le nom pompeux de «Justitia 4.0»**, des spécialistes planchent depuis des années sur une numérisation de la justice. Aux dernières nouvelles, plutôt rassurantes, nous reprendrons ce qui existe en Autriche, parce que vous l’avez compris, nous sommes loin d’avoir inventé quelque chose dans le domaine, en tant que derniers de classe. Les dossiers seront alors gérés sur une plateforme numérique sécurisée à laquelle les acteurs de la justice pourront accéder. Fini les voyages au Tribunal des baux pour photocopier un e-mail… Enfin, espérons-le.

Après les dossiers numériques, le droit par l’IA
Bien que la numérisation soit promise pour 2027, l’IA existe déjà depuis quelques années et c’est une autre révolution qui se prépare pour le milieu du droit. Les juges et les avocats doivent compulser une grande quantité d’ouvrages pour accomplir leur travail quotidien. Il faut connaître certes les lois, les ordonnances, les règlements, mais aussi la jurisprudence, la doctrine, les pratiques administratives ou autres coutumes… Or, l’IA a ceci de particulier qu’elle est en mesure de compiler un très grand nombre de textes en un temps record pour cibler la bonne réponse. Et la justice ne fonctionne quasiment qu’avec des textes. Si toute la bibliothèque est entre ses mains, l’IA peut fournir des indications en quelques secondes, alors que des heures de recherches seraient peut-être nécessaires pour un humain.

Quel impact aura cette immense base de connaissances lorsqu’elle sera parfaitement maîtrisée par l’intelligence artificielle? Gageons que cela réduise très considérablement le temps de traitement d’un dossier. Reste l’imagination de l’avocat, le sentiment d’équité du juge, la réalité du terrain, les aléas d’une audience ou l’entregent qui passent encore entre les mailles du filet de la machine. Mais l’IA progresse même en termes d’inventivité et l’on pressent qu’elle sera même capable de fournir des solutions juridiques mêmes à des problématiques inédites. C’est un immense défi pour la justice et ses auxiliaires, dont, peut-on craindre, les bouleversements ne seront encore pas très bien mesurés, à l’heure de l’«e-fax»… La porte de la soucoupe volante s’ouvre, Cro-Magnon s’apprête à entrer ses premières commandes. Accrochez-vous!

Grâce à l’IA, je peux…
Améliorer l’efficacité et la productivité! L’IA permet d’automatiser des tâches répétitives et chronophages, libérant ainsi du temps pour des activités à plus forte valeur ajoutée. Dans les centres d’appel par exemple, les chatbots alimentés par l’IA gèrent les demandes de routine des clients, permettant aux agents humains de se concentrer sur des problèmes plus complexes. Certains diront qu’ils ne sont pas encore toujours au point et qu’ils ne comprennent pas certaines demandes, j’en ai fait l’expérience il y a quelques temps en appelant la centrale de Swisscom. Mais nous en sommes aux prémisses : avec les mises à jour régulières et l’alimentation constante des chatbots en information, ceux-ci se révéleront bientôt d’une efficacité redoutable.

L’IA apporte aussi une précision et une exactitude accrues. Les systèmes d’IA peuvent analyser de vastes quantités de données avec une précision et une rapidité surpassant parfois les capacités humaines. Dans le domaine médical, IBM Watson est utilisé pour analyser des millions d’articles médicaux et de données cliniques afin de fournir des recommandations de traitement personnalisées pour les patients atteints par certaines maladies comme des cancers.

L’IA permet aussi une personnalisation des services. Elle fournit des expériences personnalisées aux utilisateurs. L’application musicale Spotify utilise notamment des algorithmes d’IA pour analyser les habitudes d’écoute de ses utilisateurs et proposer des listes de lecture personnalisées qui correspondent à leurs goûts musicaux. Dans le domaine du droit aussi, l’EPFL a lancé un outil d’analyse des textes légaux grâce à l’intelligence artificielle, une sorte de ChatGPT du droit qui répond à une question complexe en citant les sources légales et qui donne une analyse de la situation juridique. Cela permet ainsi à l’avocat d’être plus efficace et de se concentrer sur les actions à mener.

A une ère où les piratages et les attaques cyber sont légion, l’IA a aussi son utilité dans le domaine de la cybersécurité. Elle permet en effet de détecter et prévenir les menaces en temps réel. La société britannique Darktrace utilise l’IA pour surveiller les réseaux informatiques et détecter les comportements anormaux susceptibles d’indiquer une cyberattaque, permettant une réponse rapide pour neutraliser la menace.

Enfin, l’IA permet des avancées significatives dans la recherche et l’innovation. **Elle accélère la recherche scientifique en analysant rapidement des ensembles de données complexes,** facilitant ainsi les découvertes. Grâce à l’IA, l’EPFL Valais a permis de mesurer l’impact du réchauffement climatique sur les forêts valaisannes, en cartographiant le développement des arbres à plus haute altitude, là où les conditions sont plus accueillantes.

L’IA a aussi ses dangers…
Cette technologie en pleine expansion comporte aussi des défis qui méritent une attention particulière.

Elle peut notamment entraîner des pertes d’emplois dans certains secteurs, en cause l’automatisation de certaines tâches. On pense par exemple à l’introduction des caisses automatiques. Mais souvent, c’est pour pouvoir en créer d’autres, comme des postes d’analystes des habitudes clientèles, afin de pouvoir ensuite améliorer l’expérience d’achat. Le risque principal ici, c’est surtout de ne pas anticiper le déclin des emplois actuels pour en former d’autres plus adaptés.

Les systèmes d’IA peuvent être vulnérables aux cyberattaques et aux manipulations. Des chercheurs ont montré qu’il est possible de tromper une voiture autonome en modifiant légèrement les panneaux de signalisation, ce qui peut entraîner des comportements dangereux du véhicule.

L’IA est surtout discriminante et pleine de biais. Dépendant de la création humaine, les algorithmes d’IA peuvent reproduire et amplifier les biais présents dans les données d’entraînement. Aux États-Unis, un logiciel de reconnaissance faciale utilisé par certaines forces de police a montré des taux d’erreur plus élevés pour les personnes de couleur, entraînant des arrestations parfois injustifiées.

Enfin, l’IA pose des questions éthiques et de responsabilité. Son utilisation soulève des questions sur la protection des données liées à la vie privée. Si vous faites réviser votre lettre de motivation ou des documents parfois à valeur confidentielle par ChatGPT, vous ne savez pas si vos données sont réutilisées à d’autres fins. Un autre exemple, dans le domaine militaire, les drones autonomes posent des questions éthiques sur l’utilisation de machines pour prendre des décisions de vie ou de mort sans intervention humaine directe.

Pour conclure…
L’intelligence artificielle offre des avantages considérables qui peuvent transformer positivement divers aspects de notre vie et de notre société. Toutefois, ces bénéfices s’accompagnent de défis et de risques qu’il est crucial d’aborder. On peut s’interroger aussi sur les risques que l’IA peut apporter dans le fonctionnement de notre société, respectivement de notre démocratie. C’est pourquoi une adoption responsable de l’IA, combinée à une régulation appropriée et à une sensibilisation accrue, peut permettre de maximiser les avantages tout en minimisant les inconvénients. En fin de compte, l’IA doit être utilisée comme un outil pour améliorer le bien-être humain tout en respectant les principes éthiques et les droits fondamentaux.

Il faut attendre Aristote, quelques siècles avant notre ère, pour qu’une première maladie soit décrite de façon moderne : ses symptômes, son mécanisme, son traitement. L’observation de fellahs dévorant compulsivement des roseaux, de la terre et autres produits incomestibles sur les bords du Nil, lui suggère une forte absence de fer dans leur alimentation ; sucer des pièces de ce métal permet alors de réduire puis de guérir leurs curieux symptômes tout en faisant disparaître l’intense fatigue qui les frappe. Cette maladie existe encore : une de mes patientes en fut frappée mais ne mangeait compulsivement ni roseaux, ni terre mais… des cacahuètes et par kilos entiers ! Quelques dragées de fer et tous ses symptômes disparaissaient !

Évolution de la médecine : de l’observation à l’intelligence artificielle
Les dieux enterrés, passons aux « humeurs » dont Molière anime ses comédies au dix-septième siècle. Et de prescrire l’évacuation des humeurs peccantes par lavements et saignées, même chez les plus anémiques des patientes. Aujourd’hui encore, une crédulité enfantine conduit certains à recourir à de telles pratiques ; ces croyants existent et les nombreuses publicités pour méthodes et produits de détoxification témoignent de leur succès commercial sur fond de naïveté persistante. Le « je ne sais pas donc je crois » n’a pas encore remplacé le « je sais pas donc je cherche » !

Heureusement pour nous, les découvertes des domaines de la biologie, de la médecine et de la chimie durant ces deux derniers siècles. Mue curieusement par le même idéal que Pic de la Mirandole et son encyclopédie « de omni re scibili », la recherche, l’expérimentation et le questionnement génèrent d’infinis progrès dans la compréhension du vivant et de ses mécanismes de fonctionnement et de gestion. Plus récemment, la possibilité de collecter toute information sous une forme digitale – donc virtuelle – permet en un temps infiniment court de comparer les résultats, d’accéder tant aux données passées qu’aux recherches en cours, bref d’obtenir instantanément diagnostics et traitements médicaux.

« Écoutez votre malade, il connaît son diagnostic » disait déjà Sir William Osler au XIXᵉ siècle. Les outils modernes permettent certes d’enregistrer la voix, de transformer le verbal en ligne de code, de le traduire enfin en script d’intelligence artificielle permettant d’établir rapidement un diagnostic de maladie, de vérifier son mécanisme, son traitement, sa prise en charge et de déterminer une déclinaison personnalisée, dans la certitude que chaque être est unique et mérite une prise en charge et un traitement à son exacte mesure. Il est évident que l’accès désormais facile aux dernières données et, plus encore, la possibilité offerte de mettre en perspective résultats et évolutions de cas de plus en plus voisins, est un acquis considérable dans la prise en charge des malades.

L’importance de l’Humain face aux progrès technologiques
Si l’IA est donc un merveilleux outil, elle reste un outil parmi d’autres entre les mains du médecin. Elle ne remplace, ni stéthoscope, ni écoute et croire qu’elle va découvrir la seule vérité vraie n’est que l’expression, une fois encore, de « je crois puisque je ne sais pas ». Nous connaissons mieux chaque jour les mécanismes les plus fins de la maladie, de son développement et de sa guérison. Le sentiment du patient demeure pourtant primordial dans sa relation avec celui qui le soigne ; les considérations statistiques ne le concernent que marginalement, et si une probabilité de guérison à 76% lui est annoncée en raison de son âge, de son profil génétique, de son hérédité et de la présence concomitante de mécanismes de défense spécifiques, son esprit et ses émotions résumeront automatiquement le pronostic subtil au binôme « je m’en sors ou je ne m’en sors pas ! », Non plus 76% mais 50% !

L’Intelligence Artificielle est un outil merveilleux, à l’instar des machines-outils informatisées de l’industrie de précision. Elle doit rester cet outil ; il est faux et dangereux de croire qu’à l’instar de nos automobiles, nous courons vers un temps où, branchés sur un ordinateur par je ne sais quel connecteur, celui-ci prendra en charge symptômes et nos affections mais aussi notre ressenti, nos angoisses et nos émotions.

Emploi & formation – l’apprentissage pour demain
Je souhaite m’engager pour que les entreprises puissent continuer à former des apprentis. Apprendre un métier par le terrain reste une magnifique expérience de vie qu’il faut absolument valoriser. Cela fait partie de l’ADN de la Suisse.

Les employeurs doivent pouvoir compter sur la motivation et l’engagement de jeunes de nos régions.

Nous manquons aujourd’hui de compétences dans plusieurs domaines techniques. Nous devons ainsi veiller à valoriser ces formations afin de garder les compétences sur notre territoire.

Mobilité – rapprocher les régions de Suisse
Les déplacements professionnels et privés se multiplient. Nous devons investir pour créer et maintenir une offre de qualité pour les transports en commun. Les régions périphériques sont très touchées par cette problématique.

Un exemple concret, la première correspondance depuis Corcelles-le-Jorat est à 06h56, pour une arrivée à Berne à 9h. Sans la voiture, il me serait impossible de me rendre aux séances de commission qui débutent à 8h00.

Et cette réalité, beaucoup de gens la vivent tous les jours. Nous devons alors concentrer nos efforts pour améliorer la connexion des régions périphériques.

Énergie – valoriser le bois
La valorisation du bois est un processus qui consiste à transformer le bois brut en produits de grande valeur et à utiliser toutes les parties de l’arbre pour créer des produits durables et utiles. Cette pratique est de plus en plus importante car elle permet d’utiliser efficacement les ressources forestières tout en réduisant les déchets et en préservant l’environnement.

Il existe de nombreuses façons de valoriser le bois, notamment en le transformant en produits tels que meubles, panneaux de bois, planchers, escaliers, portes et fenêtres. Historiquement, le bois a été la première source d’énergie. C’est une matière première renouvelable quasiment inépuisable. Je souhaite défendre le développement du bois comme source d’énergie.

La valorisation du bois peut également inclure l’utilisation des résidus de bois pour la production de l’énergie. Les scieries et les usines de transformation du bois peuvent utiliser ces déchets de bois pour produire de la chaleur ou de l’électricité, ce qui réduit leur dépendance aux combustibles fossiles et réduit les émissions de gaz à effet de serre.

En outre, la valorisation du bois peut aider à promouvoir la gestion durable des forêts. En utilisant toutes les parties de l’arbre pour produire des produits de grande valeur, la valorisation du bois encourage l’utilisation responsable des ressources forestières. En fin de compte, la valorisation du bois offre de nombreux avantages économiques, environnementaux et sociaux.

Aménagement du territoire – valoriser l’existant pour les propriétaires
L’aménagement du territoire est un processus crucial qui vise à organiser l’espace d’un pays ou d’une région de manière cohérente et à assurer un développement équilibré et durable. En Suisse, la Loi sur l’aménagement du territoire (LAT) est l’instrument juridique principal qui réglemente cet aspect.

La LAT définit les zones constructibles et les zones non constructibles, également appelées « zones à bâtir » et « zones hors zones à bâtir ». Les zones à bâtir sont les zones destinées à la construction de bâtiments, tandis que les zones hors zones à bâtir sont réservées à l’agriculture, à la forêt et à la nature. Cependant, il est possible d’aménager les hors zones à bâtir avec certaines conditions.

Il est important de défendre les propriétaires des biens situés dans les zones hors zones à bâtir car ils sont souvent confrontés à des restrictions strictes en matière de construction. Pourtant, ces propriétés peuvent avoir une grande valeur en termes de paysage et de biodiversité. L’aménagement du hors zones à bâtir peut donc être un moyen de valoriser ces propriétés, tout en préservant leur caractère naturel.

L’aménagement du hors zones à bâtir permet également de limiter la pression sur les zones à bâtir, déjà en densité. Il est possible de créer de nouvelles zones d’activité économique, de nouveaux espaces verts, et de nouvelles infrastructures pour la mobilité douce, par exemple.

Cependant, il est important de souligner que l’aménagement du hors zones à bâtir doit être fait de manière responsable et durable, en tenant compte des enjeux environnementaux et de la préservation des ressources naturelles. La LAT impose des règles strictes pour garantir que ces conditions soient respectées, notamment en matière de protection des paysages, de préservation des sols et des ressources naturelles, et de lutte contre l’étalement urbain.

En somme, l’aménagement des zones hors zones à bâtir peut offrir de nombreux avantages pour les propriétaires de biens situés dans ces zones, tout en contribuant à un développement durable et équilibré de notre territoire. Avec une planification soignée et une application respect des règles en vigueur, il est possible de valoriser ces zones, tout en préservant leur caractère naturel et en limitant la pression sur les zones à bâtir déjà existantes.