
Charles Borgeaud (1861-1940)
Grandes figures vaudoises
Sait-on que l’un des plus illustres historiens genevois puise ses racines dans le canton de Vaud? Professeur, dès 1896, d’histoire des institutions politiques suisses, puis d’histoire nationale à l’Université de Genève, Charles Borgeaud est originaire de Pully.
Origines familiales et jeunesse de Charles Borgeaud
Il naît cependant au Sentier, où son père dirige la fabrique horlogère Le Coultre, en 1840. Elevé chez les Frères moraves, promu colonel en 1871, Auguste Borgeaud aime voyager, pour ses affaires, mais aussi pour assouvir sa passion militaire. Il parvient ainsi notamment à se faire inviter sur le théâtre opérations de la guerre de Crimée, en 1855. Passé à la postérité sous la forme d’un portrait peint bien après sa mort, sur la base d’une photographie, par Félix Vallotton, à la demande de la famille, il sera aussi le secrétaire de la délégation suisse à l’Exposition universelle de Paris de 1867.

Portrait de Charles Borgeaud – Centre d’iconographie genevoise
L’ancrage vaudois de la famille Borgeaud
Solidement ancré à la Vallée de Joux, Auguste n’est jamais loin de Pully. Sa famille y est propriétaire de plusieurs maisons, dont La Muette, qu’acquerra plus tard Ramuz pour y passer ses dernières années… Et elle possède aussi, et surtout, des vignes, que leurs ancêtres rachetèrent à des moines, dès que les Bernois imposèrent la Réforme aux pays de Vaud. Des vignes désormais gérées par son frère, et parrain de Charles, Emile.
Mais les Borgeaud savent s’adapter: un autre de ses ancêtres directs, Gédéon, le plus riche propriétaire de la commune, était banneret sous le Bernois… et un de ses fils sera le premier syndic d’un Pully, en 1798, dès le Pays de Vaud libéré de l’Ours!
La carrière académique de Charles Borgeaud
Juriste et historien, Charles reviendra souvent à Pully, comme au Sentier, durant les périodes de vacances. Mais sa vie se situe bien sûr, et surtout, à Genève, même s’il ne dédaigne pas les voyages: docteur en philosophie à Iéna, docteur en droit à Genève, il poursuit ses recherches à Paris et à Londres, avec une parenthèse à Marseille, au service d’une compagnie pétrolière.
Engagement intellectuel et héritage
Son retour dans la cité de Calvin marque son installation définitive dans l’univers académique. Spécialiste des démocraties anglaise et américaine, ardent propagandiste de la démocratie directe à la mode helvétique, il défend la thèse selon laquelle la démocratie moderne est la fille de la Réforme, et non des Réformateurs: peu importe les principes de gouvernement prônés par ces derniers, le protestantisme en lui-même s’adosse à l’idée démocratique…
Cheville ouvrière du Monument de la Réformation à Genève, auteur d’une somme sur l’histoire de l’Université de Genève, Charles Borgeaud s’éteint en 1940 à Onex, dans une maison qu’il avait acquise dans cette commune avec son épouse, Marie Vaucher.
Pour aller plus loin :
📚 Luc Weibel, Les essais d’une vie. Charles Borgeaud (1861-1940), Alphil, Neuchâtel, 2014