Constant Borgeaud (1820-1905)

Grandes figures vaudoises


Né en 1820 à Penthalaz, Constant Borgeaud part jeune tenter sa chance à Paris. Il suit des études de mathématiques à La Sorbonne, qu’il n’achève toutefois probablement pas. De retour en Suisse, il obtient un poste de professeur à l’Ecole moyenne de Lausanne, puis enseigne les mathématiques au Collège d’Aubonne. C’est sans doute à cette époque qu’il est conquis par les idées radicales et adhère dans l’enthousiasme au mouvement révolutionnaire, en 1845. Il rallie la gauche du radicalisme victorieux et constitue, derrière Jules Eytel et avec le docteur Charles Hoffamnn, le géomètre Victor Dériaz, l’imprimeur Blanchod, l’avocat Louis Cottier-Boys et bientôt l’avocat Louis Bonjour, l’aile la plus virulente du parti désormais au pouvoir.

Portrait de Constant Borgeaud par Deroche & Heyland

Carrière militaire de Constant Borgeaud
Borgeaud ne revêtira jamais de charges politiques importantes, malgré ses espoirs et quand bien même son influence n’a nullement été négligeable. C’est dans la carrière des armes qu’il forgera sa réputation. Nommé aide-bibliothécaire à la Bibliothèque cantonale en 1848, il recrute cette même année une armée de mercenaires pour aller combattre aux côtés des Piémontais qui se sont soulevés contre les Autrichiens. Il ne sera remboursé que plus tard de son investissement, avec la reconnaissance du gouvernement italien… De retour en Suisse, élu au Grand Conseil par le cercle de Lausanne, il s’essaie à l’agriculture, avec deux associés, en 1851. L’expérience tourne court et Borgeaud se rabat sur ce qui est devenu son véritable métier: la carrière militaire. Officier instructeur en chef de la milice vaudoise de 1853 à 1874, commandant des troupes stationnées à Lausanne lors de la mise sous régie de la ville en 1856, colonel fédéral en 1860, il ne parvient toutefois pas à accéder au grade de colonel divisionnaire. Malgré ses activités militaires, il reste en contact avec le monde des livres: sous-bibliothécaire cantonal, il se retire de l’armée en 1881 pour devenir bibliothécaire cantonal, jusqu’en 1894.

Engagement politique et mentorat
Dès son accession au Grand Conseil, il défend les thèses les plus extrêmes, notamment dans le domaine fiscal. A plusieurs reprises, il tente de traduire en actes la promesse révolutionnaire d’un impôt mobilier. Et c’est sans doute lui qui, un soir de 1853, découvre le jeune Louis Ruchonnet alors que ce dernier présente un exposé sur un thème de géologie, sa grande passion. Il l’invite dès lors aux soirées qu’organise Cottier-Boys et où se rencontre la fine fleur de la gauche radicale, qui ne rêve que d’en découdre avec le radicalisme « gouvernemental » de Delarageaz. Ruchonnet éblouit l’assemblée. Borgeaud, auréolé d’un prestige certain, n’hésite cependant pas à remettre parfois le jeune prodige de la politique à sa place, comme en 1858 où Ruchonnet, lors d’un Tir cantonal, s’était plu à déclarer close l’ère des révolutions: le colonel avait clairement rappelé le droit du peuple à déposer ses gouvernants s’il était mécontent d’eux…

Fin de carrière et popularité de Constant Borgeaud
Député influent, il s’éloigne d’Eytel, après le passage de ce dernier au Conseil d’Etat, et s’en va renforcer les rangs du parti radical en reconstruction après son éclatement en 1862. Il est désormais un allié fidèle du duo Ruffy-Ruchonnet, qui dynamise la jeune garde radicale, désireuse de rompre avec les anciennes, et autoritaires, méthodes de Delarageaz et de son équipe. Borgeaud ne réussit cependant pas la grande percée politique qu’il espérait certainement. Déjà recalé deux fois aux élections au Conseil national, il échoue une troisième fois en 1870. Echec mortifiant car causé par son ancien allié Eytel qui, par sa candidature, avait favorisé l’élection du candidat libéral. Borgeaud n’en jouira pas moins d’une grande popularité en ville de Lausanne, où il s’éteint en 1905, escorté dans sa dernière demeure par une délégation de la société d’étudiants Helvétia, dont il avait été admis membre honoraire en 1850. Il fréquentait avec assiduité les réunions du Cercle démocratique, dont il était devenu l’un des piliers.

© Olivier Meuwly, Lausanne 2003

Publié le 1 janvier 2023

Autres publications


Frédéric-César de La Harpe (1754-1838)


L’ambiance est lourde du côté de Vienne en ce mois de décembre 1814. Après la parenthèse des Cent-Jours, le Congrès convoqué pour régenter l’Europe postnapoléonienne a repris ses travaux, qu’il est sur le point d’achever....

Lire la suite

1 janvier 2023

Françoise-Louise de Warens (1699-1762)


Portrait de Madame de Warens, Paris 1730, peinture à l’huile de Nicolas de Largillière. Françoise de la Tour naît à Vevey le 31 mars 1699. Tôt orpheline de mère, elle ne sait pas encore, lorsqu’elle...

Lire la suite

1 janvier 2023

Louis Ruchonnet (1834-1893)


Né en 1834 à Lausanne, Louis Ruchonnet obtient son brevet d’avocat en 1858. Très tôt intéressé par les questions politiques, il se forge vite une philosophie politique au contact de la société d’étudiants Helvétia, pour...

Lire la suite

1 janvier 2023

Le Bulletin du mois de mars 2020


Edito 2020, une nouvelle décennie s’ouvre à nous Assemblée générale 2020 Mercredi 25 mars 2020 Rendez-vous culturel Musée cantonal des Beaux-Arts et exposition “À fleur de peau” Réflexions… Le musée, comme médiateur du savoir historique Dossier...

Lire la suite

24 février 2020

Le Bulletin du mois de septembre 2023


Le Bulletin du mois de septembre fête les 175 ans de la Constitution fédérale de 1848. Sommaire Edito L’automne s’annonce très chaud pour notre Cercle… Dossier spécial – La Constitution fédérale de 1848  Christelle Luisier, Conseillère d’Etat...

Lire la suite

11 septembre 2023

Le Bulletin du mois de mars 2021


Sommaire  Edito Tous aux urnes… Assemblée générale 2021 Mercredi 28 avril 2021 Le café “Le vaudois” 2.0 Rendez-vous culturel Le Musée Audemars-Piguet au Brassus Dossier spécial “élections communales 2021” Tour du canton Conférence-débat Le fédéralisme...

Lire la suite

27 février 2021