Antoine-Henri Jomini (1779-1869)

Grandes figures vaudoises


Né en 1779 à Payerne, Antoine-Henri Jomini grandit dans une famille de la bonne bourgeoisie locale. Dans l’impossibilité d’entrer dans une école militaire, il entame une formation commerciale et se forme à l’art de la guerre en autodidacte. Il revêt la charge de secrétaire du ministre de la guerre de la République helvétique en 1798.

Jomini en tenue de général russe.

Antoine-Henri Jomini sous Napoléon
À peine l’Acte de Médiation proclamé, il est repéré, en 1803, par le maréchal Ney, qui l’aide à publier ses premiers ouvrages. Jomini entre alors à son service comme volontaire avant de voir sa renommée croître rapidement. Accueilli dans l’état-major de Napoléon, où il obtient le grade de général de brigade, il est fait baron d’empire en 1808, mais subit une cruelle désillusion lorsque lui échappe le grade de général divisionnaire. Son bourreau, Berthier, comme le subodorera Sainte-Beuve en 1869, devinait peut-être dans le Vaudois un possible rival…

Antoine-Henri Jomini au service de la Russie
Jomini franchit alors un pas décisif: après la bataille de Bautzen, il quitte le service de l’empereur des Français pour passer à celui du tsar de toutes les Russies… Entouré d’honneurs, il devient aide de camp d’Alexandre Ier, puis conseiller privé de Nicolas Ier et enfin précepteur militaire du futur Alexandre II. Il fondera également l’Académie militaire russe.

Les convictions politiques d’Antoine-Henri Jomini
Son adhésion à l’absolutisme est-elle totalement surprenante? Brièvement républicain dans sa jeunesse, Jomini est avant tout épris de stabilité et, en politique, il la perçoit dans une monarchie de type héréditaire… mais pas aveugle.

Jomini, qui conservera toujours son admiration pour Napoléon, souhaite une monarchie adossée à une loi fondamentale. Si l’acte électoral lui paraît un non-sens, il estime que la nation a droit à une partie du pouvoir, par exemple par l’intermédiaire d’une Chambre des pairs. De même, il refuse la censure. S’il redoute une presse “déchaînée”, il ne peut accepter une presse “enchaînée”.

L’œuvre militaire et l’héritage de Jomini
Mais il n’abandonne jamais son œuvre de théoricien militaire. Loin des arabesques abstraites de Clausewitz, Jomini dessine une conception de la conduite stratégique enchâssée dans la réalité des rapports de force internationaux. Il plaide pour la concentration des forces, sur les points névralgiques du combat, et s’intéresse aux contraintes liées à la logistique, concept alors assez récent auquel il donnera ses lettres des noblesse. Son approche pragmatique de la guerre lui vaudra une audience, encore actuelle, aux États-Unis… quand bien même il reste fort respecté en Russie!

Pour aller plus loin :
🎥 Le documentaire “Le Général Jomini”, réalisé en Rusie par Constantin Kozlov, a été présenté à Pully et à Payerne en mai 2014 à l’occasion du bicentenaire des relations helvéto-russes

📚 Deux publications récentes sur Jomini: Ami-Jacques Rapin, Guerre, politique, stratégie et tactique chez Jomini, 2014; Charles-Augustin de Sainte-Beuve, Le général Jomini : étude, réédité en 2014 par les Editions du Polémarque à Nancy (avec une introduction de David Auberson)

Publié le 1 janvier 2023

Autres publications


Marcel Pilet-Golaz (1889-1958)


Né en 1889 à Cossonay, Marcel Pilet est issu d’un milieu de notables. Lui-même épouse d’ailleurs la fille de l’ancien conseiller d’Etat Donat Golaz et joindra le patronyme de sa femme au sien. Juriste formé...

Lire la suite

1 janvier 2023

Le Bulletin du mois de mai 2016


Editorial Une belle histoire, la nôtre! Visite-apéro exceptionnelle des chantiers du parlement cantonal Vendredi 27 mai 2016 à 10h Sortie d’été Samedi 25 juin 2016 à Annecy Dossier spécial sur le site du grand conseil...

Lire la suite

1 mai 2016

Marc Ruchet (1853-1912)


Né en 1853 à Saint-Saphorin-sur-Morges, mais originaire de Bex, Marc Ruchet accomplit son cursus universitaire à Lausanne, jusqu’à son brevet d’avocat. Membre de la société d’étudiants Helvétia, il fait son stage chez Louis Ruchonnet et...

Lire la suite

1 janvier 2023

Georges-André Chevallaz (1915-2002)


Né en 1915 à Lausanne, mais ayant de fortes attaches avec le Pays-d’Enhaut, Georges-André Chevallaz n’est pas attiré spontanément par la politique. Au cours de ses études de lettres à l’Université de Lausanne, il a...

Lire la suite

1 janvier 2023

Emile Paccaud (1836-1915)


Né en 1836 à Prévonloup, Emile Paccaud commence des études d’ingénieur à l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich puis, après un semestre, s’inscrit à la Faculté de droit de l’Académie de Lausanne et y obtient sa...

Lire la suite

1 janvier 2023